Para leer este articulo en español: Retrato: Mónica Dower, artista.
Portrait : Monica Dower, artiste.
Monica nous invite à faire un petit tour dans son univers visuel entre rêves, dérives et imaginaires, elle y fait voyager son corps, représentant son moi profond, pour l´exposer à différentes situations réelles ou fictives qu´elle vivra, ressentira ou subira. Elle utilise surtout l´aquarelle et la vidéo pour nous retransmettre ses sensations.
Monica, qu´est-ce qui t´a donné envie de peindre ?
Depuis toute petite lors des voyages d´été en France, ma mère, française, m´emmenait visiter des expositions à Paris. Je me rappelle particulièrement lors de la visite d´une exposition, lorsque je devais avoir environ sept ans, d´un tableau. C´était une grande toile qu´une artiste avait étendu sur le sol en Afrique sur le passage des éléphants. Le résultat, surprenant, a marqué mon imaginaire d´enfant! Je regardais aussi des livres d´art avec ma mère et à 10 ans je prenais mes premiers cours de peinture à Mexico avec un professeur remarquable, l´italienne Teresa Cito, qui a su développer cette passion pour la peinture.
Quel a été ton itinéraire ensuite?
A 17 ans, je peins ma première peinture murale dans la salle des professeurs au lycée franco-mexicain où j´étudiais. Ensuite je rentre à l´ENAP, l´école nationale des arts plastiques de Mexico où j´ai la chance d´avoir encore un excellent professeur, Gilberto Aceves Navarro. Puis, contre la volonté de mon père, je décide de partir à Paris étudier l´art car je n´ai plus qu´un désir, peindre. Je pars donc en emmenant sept toiles que j´avais peintes lors de mon cours à l´ENAP. Je m´inscris à La Sorbonne en histoire de l´art de la Grèce, l´Etrurie et l´Egypte et aussi aux Beaux-arts. Je trouve, pour payer mes études, un travail comme serveuse dans un des restaurants de la chaine Hippopotamus. Le jour où je dois commencer à travailler je rencontre par hasard lors d´ un repas de famille chez un ami, un collectionneur d´art, Serge Lenczner, propriétaire de deux galeries renommées à New York et qui expose surtout de grands peintres russes. Avec l´audace de mes vingt ans, je lui propose de lui montrer les sept toiles que j´avais. Rendez-vous est pris et à ma grande surprise, il me fait un chèque de 7000 dollars pour les sept toiles, et m´en demande d´autres pour son prochain passage à Paris! Je pars alors en Bretagne, dans la famille de ma mère, vide un hangar et installe un atelier de peinture. Six mois plus tard lorsque Serge Lenczner revient à Paris, il décide de s´y installer et me fait signer un contrat d´exclusivité avec la galerie qu´il vient d´ouvrir. J´ai un grand atelier que je partage avec d´autres amies peintres. Commencent alors trois années intenses entre les peintures que je dois livrer, mes cours, ma vie à Paris. A La Sorbonne, je deviens le disciple d´un maitre de l´école du Louvre, Luis Ansa, argentin, qui va m´enseigner l´aquarelle et les techniques de peinture orientale.
Au bout de ces trois ans je retourne à Mexico, j´obtiens en 1994 une bourse pour jeunes créateurs de la FONCA, « Fondo Nacional para la Cultura y las Artes » et je pars en Egypte pour étudier l´art égyptien et le livre des morts, ainsi que l´utilisation des pigments. Dix toiles seront créées après ce voyage.
Puis en 1998, c´est New York où j´étudie la vidéo et réalise une fresque « The origins » de 2 x 10m pour un hôpital pour les enfants, l´hôpital Bellevue.
Il y a dans ton œuvre des tableaux très colorés et d´autres noirs, quel est ton rapport avec la couleur ?
Après l´époque de Paris où mes œuvres étaient, peut-être à cause de mon origine mexicaine, dominées par la couleur, j´aspire à une certaine dépuration et je réduis considérablement ma gamme de couleurs, je n´utilise à cette époque plus qu´un jaune ocre, un sépia et un bleu cobalt. C´est le temps de mon séjour en Egypte, ses déserts, ses horizons interminables.
Quelques années plus tard en 2000, j´ai besoin de tout faire en noir. Je dessine au fusain sur de grandes feuilles de papier amate. La froideur métallique du fusain, du charbon de bois, contraste avec la chaleur du papier amate qui est un papier produit artisanalement par les indigènes du village de San Pablito près de Puebla à partir de fibres végétales. C´est aussi la dualité entre la vie et la mort. Notre corps est composé de carbone, d´oxygène, d´hydrogène et de nitrogène mais quand on meurt il ne reste que le carbone. Le papier, lui, représente la nature, la vie.
Actuellement je me suis réconciliée avec la couleur mais je l´utilise d´une manière différente, plus subtile qu´à mes débuts. La couleur vive est revenue mais elle reste secondaire, comme un décor.
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Tes expositions ?
Une dizaine d´expositions individuelles, à Paris en 1994 à la galerie Artco, à Mexico en 2001 à la galerie Nina Menocal et aussi à la galerie Praxis; cette année, dix ans après, je vais refaire une exposition dans cette même galerie qui s´appelle maintenant la Galerie Ginocchio. Une installation au "Museo del Chopo" à Mexico en 2004. J´ai exposé aussi à Mérida en février 2009 à la galerie Frontground-Manolo Rivero.
Plus une trentaine d´expositions collectives dont deux participations aux Ière et IIIème biennales du Yucatán. Un dessin au fusain sur papier amate de la série "Cuando estaba allá" m´a valu une mention honorifique à la XIIème biennal Rufino Tamayo à Mexico en 2004.
Tes projets ?
Je suis entrain de préparer une exposition de toiles de grand format où je peins des séquences de vidéo que moi-même ou d´autres artistes ont réalisées et dans lesquels je me représente vivant ou contemplant ces situations. Le projet que j´ai est d´ensuite filmer ces toiles et les intégrer dans les vidéos pour y créer une sorte d´interaction entre l´affectif et l´intellectuel.
De la serie Las derivas de Oriana. Frente al video "The Van Gogh Series"de Pipilotti Rist.
Acuarela sobre papel. 80x108cms. 2009.
Et maintenant Mérida ?
Oui, une autre étape de ma vie, de notre vie, puisque mon mari Luis Rius Caso, historien et critique d´art, a été nommé directeur de la "Escuela de Artes de Yucatán" l´ESAY, depuis septembre 2009. Nous sommes donc venus nous installer ici avec Alba, notre fille de trois ans et nous découvrons la vie au Yucatan!
Je resterais longtemps à écouter Monica raconter son itinéraire pour l´article de QdN, le ponctuer d´anecdotes, me montrer quelques unes de ses œuvres, ses photos de famille et quelques objets glanés lors de ses voyages. Un moment privilégié avec une femme de talent et de sensibilité. Merci Monica.
Article : Martine Bordi pour Quoi de Neuf, avril 2010.
Pour connaitre l´œuvre de Monica en attendant une prochaine exposition à Mérida deux sites :
www.monicadower.com.mx/
http://www.arteven.com/monica_dower.htm
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